En échangeant avec plusieurs femmes, notamment au sein d’associations, je me suis plongée dans ce sujet important : le cancer du sein. L’idée de me confronter à cette maladie m’a d’abord semblé profondément violente. Mais je ne m’attendais pas à ce que tout cela implique. En tant que femme, je suis profondément touchée à celles qui sont confrontées à cette épreuve. Le cancer du sein représente bien plus qu’une atteinte physique ; c’est un bouleversement de la féminité dans son ensemble. Les traitements peuvent entraîner des conséquences parfois dévastatrices, allant de la paralysie de certaines parties du corps à la dépression, en passant par une fatigue extrême. Forte de cette prise de conscience, j’ai mis ma photographie au service de ces femmes. Cette approche peut sembler directe, voire violente pour elles, mais mon intention est de ne pas les cantonner à un décor qui ne leur ressemble pas. J’explore une double intimité : celle de leur environnement, matérialisé par leur domicile et celle de leur propre corps. Ces portraits sont réalisés dans divers milieux sociaux, le cancer touche tout le monde. Je me suis déplacée à Paris et dans ses environs. Chaque portrait est accompagné d’un texte écrit à la main par la femme elle-même. Ces textes abordent divers aspects, notamment le moment de la découverte de la maladie ainsi que leur relation face à leur propre corps, avant et après le diagnostic. Je tiens à souligner que mon objectif n’est pas de susciter de la pitié mais plutôt de donner la parole à ces femmes, de partager leurs histoires et démontrer que leurs corps ont le droit d’exister pleinement, indépendamment de la maladie.