Les femmes que je photographie choisissent elles-mêmes leur pose, celle dans laquelle elles se sentent à l'aise. Je ne les dirige pas, je leur demande simplement de me regarder, puis je prends la photo. Le lieu et l'éclairage demeurent constants. Leurs regards fixés vers l’objectif et leur nudité ne correspondent pas à la représentation traditionnelle du nu féminin. Il existe une dualité entre cette nudité et ce regard direct, symbolisant à la fois vulnérabilité et force. Cette confrontation peut susciter un certain malaise, modifiant notre perception habituelle des nus. Tout est présenté de manière brute, sans artifice : une femme, son visage et son corps, tout simplement. Bien que les femmes consentent à cette démarche, elles ne sont pas au centre de l'image. Le terme "réappropriation de leur corps" est-il pertinent dans un monde où le regard sur le corps féminin est discuté avant même que les femmes ne prennent pleinement conscience du leur ?
Car se réapproprier signifie retrouver quelque chose de perdu. Les femmes ont-elles jamais eu l'opportunité de posséder véritablement leur corps ?
“La femme comme l’homme est son corps, mais son corps est autre chose qu’elle. Quand le corps masculin se présente avec la force de l’évidence comme le vecteur de la volonté créatrice de l’homme, le corps féminin reste « alourdi » par tout ce qui le spécifie : un obstacle, une prison. La femme resterait asservie à la chair elle apparaît essentiellement au mâle comme un être féminin sexué, pour lui elle est sexe, donc elle l’est absolument. Si le corps est le sujet et si le corps féminin est objet pour l’homme, comment faire pour que les femmes s’affirment comme des sujets à la fois sexués et libres ? Comment dans la condition féminine peut s’accomplir un être humain ? “
Camille Froidevaux Metterie